ECLAMPSIE ASPECTS EPIDEMIOLOGIQUES, DIAGNOSTIQUES, THERAPEUTIQUES ET PRONOSTIQUES AU CENTRE HOSPITALIER REGIONAL DE THIES A PROPOS DE 146 CAS
Résumé
Introduction : L’éclampsie est l’une des complications neurologiques graves de l’hypertension artérielle associée à la grossesse et en particulier de la prééclampsie. Elle est responsable d’une mortalité maternelle et périnatale croissante au Sénégal, et en Afrique subsaharienne. Le but de notre étude était de décrire les aspects épidémiologiques et diagnostiques de l’éclampsie, et d’évaluer la prise en charge et le pronostic materno-fœtal dans notre contexte.
Patientes et méthodes : Il s’agissait d’une étude prospective, descriptive et analytique allant du 1er juin 2015 au 1er juin 2017, réalisée dans le service de Gynécologie et d’Obstétrique du Centre Hospitalier Régional de Thiès. Elle concernait toutes les femmes enceintes présentant des crises convulsives au-delà de la 20ème semaine d’aménorrhée dans un contexte d’hypertension artérielle et ou la présence d’une albuminurie.
Résultats : L’éclampsie concernait 146 patientes sur 14155 accouchements, soit une fréquence de 1,03%, soit 10 cas pour 1000 accouchements. Le profil épidémiologique retrouvé était celui d’une femme jeune (âge moyen de 23,88 ans), primipare (75,34%), mariée (86,99%), femme au foyer (71,92%), provenant de la commune de Thiès (59,59%), suivie dans un poste de santé (98.63%), évacuée (80,82%), porteuse d’une grossesse monofoetale (90,41%), au 3ème trimestre de la grossesse (92,5%). La crise survenait dans 85% des cas en antepartum, dans 10% de cas en per partum et dans 5% de cas dans le post partum. La majorité des patientes avaient présenté une crise (87,67%) et l’état de mal éclamptique concernait 5 cas, soit 3,43%. Les principaux signes cliniques et paracliniques retrouvés étaient l’HTA (92,46%), un syndrome œdémateux (86,98%) des céphalées (95,20%), une albuminurie ≥ 2croix (97,94%), une hyperuricémie (67,80%). La protéinurie des 24h était rarement dosée (6,16%). Le sulfate de magnésium était utilisé dans 97,95% des cas et l’antihypertenseur principalement utilisé était la nicardipine injectable (97,26%). Le délai moyen entre la crise et l’accouchement était de 1,4h. La voie d’accouchement était dominée par la césarienne à 62,33% contre 37,67% pour la voie basse. Le pronostic maternel était marqué par 17 cas de décès soit une létalité de 11,64%. La mortalité périnatale était de 125‰ naissances vivantes, et le taux de prématurité de 43,2%.
Conclusion : L’éclampsie reste un problème majeur de santé publique. Le pronostic dépend de l’efficacité de la prise en charge. L’utilisation du sulfate de magnésium et la précocité de l’accouchement améliorent le pronostic. La prévention nécessite un suivi prénatal de qualité et la bonne prise en charge des états hypertensifs.