PROFIL ET ITINERAIRE DES FEMMES EN QUETE DE SOINS APRES UN AVORTEMENT A DAKAR

  • Mohamed Tété DiADHIOU
Mots-clés: SAA, Profil des clientes, Itinéraire pré-thérapeutique

Résumé

Introduction : Les soins après avortement (SAA) se sont imposés, au fil du temps, comme une stratégie clé de promotion de la santé maternelle. Au Sénégal, les avortements compliqués étaient 3ème cause de mortalité maternelle (6,6%) dans les structures sanitaires après les hémorragies (29,6%) et les états hypertensifs (17,2%). Du point de point de vue de l’intégration des services, la délivrance de méthodes contraceptives postavortement restait faible car elle concernait moins d’une cliente sur deux (47,6% des avortements non compliqués).

Méthodologie : Il s’agissait d’une étude à composantes mixte, quantitative et qualitative, transversale, prospective, multi-sites, étalée sur une période de trois mois environ. Elle s’était déroulée au sein de huit maternités implantées à Dakar. Toutes les femmes reçues et traitées pour un avortement de moins de 14
semaines d’aménorrhée au niveau de ces établissements durant cette période avaient été incluses après avoir signé un formulaire de consentement libre et éclairé. Parallèlement, huit groupes de discussion dirigée, soit un par site, avaient été menés pour recueillir leurs impressions des clientes SAA et d’autres femmes fréquentant les maternités sur les questions de santé génésique, notamment les SAA.

Résultats : Par rapport à un effectif attendu de 687 patientes, 729 clientes SAA ont été enrôlées à partir des 8 sites de l’étude. Le profil génésique de nos patientes était celui d’une IIIème geste IIème pare de 29 ans, mariée (94,9%), avec deux enfants vivants et un avortement spontané (96,5%) qui était celui pour lequel elle avait consulté. Près de ⅔ de nos participantes (63,8%) à l’étude avaient transité par un autre établissement sanitaire : poste de santé (52,5%), centre de santé (29,5%), hôpital (18,9%) ou pharmacie (3,9%) d’où elles avaient été référées (49,2%) vers la structure où elles avaient été finalement prises en charge.
Auparavant, la patiente reconnaissait avoir été informée de l’arrêt de sa grossesse depuis 3 jours, et admettait être restée à domicile les 2 jours suivants, malgré l’apparition de signes révélateurs de complications. Les facteurs explicatifs de ce retard ont été analysés par régression logistique.
Conclusion : Le profil des clientes SAA à Dakar était différent de celui des femmes des autres pays d’Afrique subsaharienne où le taux d’avortements induits était notablement plus élevé. Il était probablement sous-estimé à Dakar, tributaire contexte social et juridique plus restrictif. La recherche d’outils et d’indicateurs idoines pour mieux appréhender les avortements à risque pourrait permettre aux acteurs de la santé de lutter plus efficacement
contre la mortalité maternelle qui en découle. L’itinéraire des clientes avant leur admission suggère que l’amélioration de la qualité des soins passe par une décentralisation effective des SAA à Dakar et par une meilleure sensibilisation des femmes au cours de la première consultation prénatale. En effet, l’accent
pourrait être mis au cours de cette dernière sur les signes en rapport avec les « petits maux » de la grossesse, qui ne prêtent à conséquence, et les signes de danger pour permettre à la femme de mieux les discerner et de réduire ainsi les délais de consultation qui pourrait être préjudiciables à sa santé.

Publiée
2022-03-30
Comment citer
DiADHIOU, M. T. (2022). PROFIL ET ITINERAIRE DES FEMMES EN QUETE DE SOINS APRES UN AVORTEMENT A DAKAR. JOURNAL DE LA SAGO (Gynécologie – Obstétrique Et Santé De La Reproduction), 22(1). Consulté à l’adresse https://jsago.org/index.php/jsago/article/view/84