LA TUMEUR DE LA GRANULOSA DE L’OVAIRE EN AFRIQUE SUBSAHARIENNE: POINT DE VUE DU PATHOLOGISTE
Résumé
Introduction: La tumeur de la Granulosa (TG) est une néoplasie rare de l’ovaire représentant (0,6 à 3%) de l’ensemble des tumeurs ovariennes et 5% des tumeurs malignes. Leur diagnostic est essentiellement histologique. Cette tumeur a été peu étudiée en Afrique noire, notamment sur le plan anatomopathologique et particulièrement au Sénégal. Le pronostic est fonction du type histologique et de plusieurs paramètres définisant le stade, selon la classification de la FIGO. Les études prospectives sont difficiles en raison de la rareté et de la nécessité d’un suivi à long terme des patientes afin d’en évaluer le pronostic. L’objectif de ce travail était d’établir les profils épidémiologique et anatomopathologique des patientes présentant une TG dans notre contexte.
Matériel et Méthodes: Étude rétrospective, transversale et descriptive, réalisée de janvier 2010 à décembre 2017, incluant tous les cas de tumeurs de la granulosa diagnostiquées dans les laboratoires d’anatomie et cytologie pathologiques (ACP) à Dakar (Hôpital Aristide Le Dantec, Hôpital général Idrissa Pouye et Hôpital de Fann).
Résultats: Nous avons recensés 28 cas de tumeur de la granulosa sur 204 cancers de l’ovaire pendant la période d’étude représentant 13, 7% des cancers de l’ovaire dans notre contexte. Le nombre de cas moyen annuel était de 3,5 avec une tendance à la hausse par an. L’âge moyen était de 41,5 ans, avec des extrêmes de 13 et 70 ans. Les patientes âgées de 45 ans et plus étaient les plus touchées, soit 16 cas (57%). Le statut hormonal était mentionné pour tous, soit 16 patientes (57%) ménopausées contre 12 (43%) en période d’activité génitale. L’essentiel de nos patientes (71%) étaient multipares. La tumeur était unilatérale dans 96,4 %, soit 27 cas. La taille était précisée pour 20 cas, avec une moyenne de 24 cm et des extrêmes de 8 et 40 cm. La majorité des cas (85 %) présentaient une taille supérieure à 10 cm. Il s’agissait d’une tumeur de la granulosa de type adulte dans 93% (26 cas) et de type juvénile dans 7% (2 cas). Les patientes qui présentaient un type adulte avaient un âge supérieur ou égal à 20 ans, essentiellement ménopausées, tandis que celles avec type juvénile était plus jeunes, soit 2 cas (13 ans et 16 ans). Ces néoplasies étaient essentiellement classées stade pT1 dans 86 % (24 cas) suivie du stade pT2 dans 10 % (3 cas), avec rupture capsulaire dans 6 cas (21,4 %), selon la classification de la FIGO 2014.
Conclusion: Les tumeurs de la Granulosa sont relativement rares au Sénégal, sous-diagnostiquées comme dans beaucoup d’autres pays Africains. Elle touche préférentiellement les femmes âgées, en peri ou ménopause, multipares et sont souvent découvertes à un stade tardif.
Mots clés : Tumeur de la granulosa, épidémiologie, histologie, Dakar.