ASPECTS SOCIO-DEMOGRAPHIQUES ET PRISE EN CHARGE DES LESIONS PRECANCEREUSES DU COL UTERIN AU SERVICE DE GYNECOLOGIE- OBSTETRIQUE DE L’HOPITAL NATIONAL DONKA, CHU CONAKRY (GUINEE)

Résumé

Objectifs : L’objectif général était de décrire les aspects sociodémographiques, diagnostiques et thérapeutiques des lésions précancéreuses du col de l’utérus. Il s’agissait plus spécifiquement de décrire les caractéristiques socio-démographiques des patientes, d’apprécier la faisabilité des différentes méthodes de prise en charge dans les conditions d’exercice d’un pays à faibles ressources et d’identifier les problèmes liés à la prise en charge des lésions précancéreuses du col de l’utérus.

Patientes et méthodes : Il s’agissait d’une étude rétrospective descriptive et analytique transversale menée dans le cadre d’un programme de dépistage et de prise en charge des lésions précancéreuses du col de l’utérus d’une durée de 6 ans du 01/01/2006 au 31/12/2012, réalisée dans le service de Gynécologie-Obstétrique de l’Hôpital National Donka du CHU de Conakry. 

Toutes les patientes chez qui l’inspection visuelle après coloration à l’acide acétique (IVA) et l’inspection visuelle après coloration au lugol (IVL)  étaient positives avaient bénéficié systématiquement d’une colposcopie. Les paramètres étudiés concernaient l’âge, la gestité, la parité, le statut matrimonial, la provenance, le niveau d’instruction, le résultat de la sérologie rétrovirale, le résultat de la biopsie, le type de traitement en fonction du grade lésionnel, l’évolution et la surveillance post thérapeutique. L’analyse statistique des données était faite à l’aide du logiciel SPSS et la comparaison entre les différentes variables était faite par le test de Khi carré de Pearson et ce test était considéré  significatif lorsque p était inférieur à 0,05.

Résultats : Durant la période d’étude, 201 cas de lésions précancéreuses du col utérin ont été diagnostiquées sur 7602 consultations, soit une prévalence de 2,64%. L’âge moyen des patientes était de 40,62 ans avec des extrêmes de 21 et de 70 ans. La gestité moyenne était de 5,4 avec des extrêmes de 0 et de 11. La parité moyenne était de 4,6 avec des extrêmes de 0 et de 8. La séroprévalence du virus de l’immunodéficience humaine (VIH)  était de 4%. Concernant les tests de dépistage, 60,80% des femmes dépistées avaient une anomalie à l’IVA. Ce taux était de 79,20 % pour l’IVL. La colposcopie était normale et satisfaisante dans 112 cas (55,72%), montrant une colpite virale dans 26 cas (12,93%), une transformation atypique de grade I dans 22 cas (10,94%) et une transformation atypique de grade II dans 36 cas (17,91%) ; la colposcopie était non satisfaisante dans 5 cas (2,5%).

Les lésions étaient représentées par 60 cas de CIN1 (29,8%), 70 cas de CIN2 (34,9%), 37 cas de CIN3 (18,4%) et chez 34 patientes (16,9%), le diagnostic histologique était non disponible. Nous avions traité 76 patientes par cryothérapie (37,81%),  66 (32,8%) par la résection à l’anse diathermique (RAD), 30 par la conisation au bistouri froid (14,9%), seulement 3 par une hystérectomie intrafasciale (1,5%) ; 18 patientes n’avaient pas eu besoin de traitement (8,95%) et 8 (4%) patientes étaient perdues de vue et non traitées avec des lésions de haut grade.

Conclusion : En cas de néoplasie intra épithéliale du col, la méthode de traitement doit être adaptée à chaque cas, d’une part en évitant les récidives et d’autre part en préservant la qualité de la surveillance ultérieure et les possibilités de procréation.